mardi 3 août 2010

Le Royaume de Tobin

Il y avait belle lurette que je ne m'étais pas plongée dans un cycle de Fantasy comme je me suis délectablement plongée dans cette trilogie. Difficile d'attendre de recevoir à ma biblio locale les tomes 2 et 3 ! Comment avait-elle pu me glisser entre les doigts si longtemps ?

C'est de la très bonne Fantasy psychologique, comme je les aime, avec une touche d'action et de bataille. Bien sûr, en contre-partie, nous avons une belle histoire d'amitié/amour au centre du roman que d'aucuns n'apprécieront peut-être pas. Mais Lynn Flewelling a subtilement réussi à éviter le piège des mièvreries et dialogues mielleux, des clichés insupportables et des amours parfaits. Originale, surprenante, émouvante, l'histoire très vite nous emporte.

Le prince Erius, sourd aux paroles divines prédisant que seule une reine peut apporter

prospérité au royaume de Skala, prend le pouvoir à la mort de sa mère et extermine toutes les filles de la famille royale. Sa soeur est épargnée et donne naissance à des jumeaux. Deux mages et une sorcière répondent à l'appel de leur dieu et décide de protéger à tout prix la petite fille...même au prix d'un sacrifice. Lhel, une sorcière des collines, a le pouvoir de prêter le corps de son frère mort à sa soeur jumelle. Cependant, l'esprit torturé de son frère ne la quittera pas. Désormais, elle sera élevée comme un garçon, loin de la cour, et portera le nom de Tobin. Mais qu'adviendra-t-il lorsqu'elle découvrira la vérité ? Son meilleur ami et écuyer, Ki, pourra-t-il toujours l'aimer et l'estimer ? Pourra-t-elle remplir sa destinée et conquérir le trône ?

Cette histoire étrange commence sur un ton extrêmement noir. J'ai ressenti un certain malaise à la lecture du premier tome, pas désagréable par ailleurs car il prouve que l'atmosphère du livre m'a réellement marquée. D'une façon ou d'une autre, les tomes suivants laissent place à plus d'espoir et de lumière. Flewelling nous invite ici à réfléchir sur les différences entre les sexes. Naît-on déjà fille ou garçon ou est-ce notre éducation qui influence les caractéristiques de notre sexe ? Comment réagirions-nous si nous apprenions notre appartenance à un autre sexe ? Ce livre prouve que la Fantasy peut encore réserver des surprises lorsque action, réflexions et émotions s'entremêlent.
La fin cependant était un peu rapide, je ne me sentais pas encore prête à quitter Tobin. D'ailleurs, le récit s'accélère au fur et à mesure, alors qu'il aurait été intéressant à mon sens de traiter plus longuement le combat psychologique de Tobin. Autre petit regret, après le côté plutôt tragique de l'enfance de Tobin, le dénouement m'est apparu un peu trop beau et happy.

Pour conclure, pas grand chose à reprocher à Flewelling qui signe une belle réussite...et offre quelques trépidantes heures de lecture !

Note : 8/10


Titre : Le Royaume de Tobin (Tamir Trilogy)
Tome 1 : Les Jumeaux (The Bone doll's twin)
Auteur : Lynn Flewelling
Editeur : Pygmalion + J'ai lu
Tomes : 3 tomes américains, 6 tomes français
Genre : Fantasy & magie
Ecriture : Ecriture agréable


+ Lecture très prenante, interrogations intéressantes, bonne histoire, personnages attachants

- Histoire d'amour pour les allergiques, une fin un peu rapide et happy ending.

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jeudi 8 juillet 2010

Le Serment de l'Empire T1




En attendant la suite du Lion de Senet, j'ai commencé une nouvelle série (j'ai cette vieille habitude de lire plusieurs livres en même temps) peu encore évoquée sur la blogosphère française.
Ce n'est peut-être pas réellement de la Fantasy car pour une fois, Thomas Harlan a laissé de côté le Moyen-Age pour l'Antiquité. Mais à l'instar des mondes médiévaux dépeints dans les cycles Fantasy, cette Antiquité fictive apparaît comme une autre réalité possible, une autre Histoire d'un Empire Romain d'Occident qui ne se serait pas effondré en 476 après JC mais coexisterait toujours en 622 avec l'Empire d'Orient. Thomas Harlan s'inspire ici du concept d'histoire alternative ou uchronie tout en prenant de large liberté historique (la reine Zenobia ayant vécu au IIIe siècle, non au VIIe siècle !) sans compter que les sorciers ont de véritables pouvoirs.

Les deux empereurs décident une fois pour toute d'en finir avec leur plus dangereux et vieil ennemi : la Perse. Soldats et magiciens se préparent pour envahir l'empire de Perse, parmi eux, Dwyrin MacDonald (vi vi, vous avez bien lu), Ahmet, Thyatis et Maxian, le jeune frère de l'Empeur d'Occident se trouvent malgré eux plongés dans la bataille.

Quel plaisir de quitter un peu le monde médiéval pour l'Antiquité !
J'ai apprécié aussi cet aura magique qui sied si bien au monde antique : on pense aux pratiques des augures, aux mystères égyptiens et orientaux. Ce monde devait en effet être baigné de mystères et la magie faire partie du quotidien. Thomas Harlan choisit d'en faire une réalité et de glisser ainsi ouvertement vers la fiction mais les lecteurs de Fantasy ne seront donc pas dépaysés !
Le premier tome repose sur les batailles entre les deux empires, les amateurs d'action seront donc ravis, surtout que le récit connaît peu de temps morts. J'avoue que la lecture était facile et agréable, la trame relativement crédible, la narration plutôt adroite même si peu originale : on suit alternativement les 4 protagonistes.
Que lui reprocher alors parce que hics toujours il y a ?
Première déception : le CHOIX des noms/prénoms !!! Pourquoi mixer grec et latin : Thyatis Julia Clodia ? Pourquoi mettre un nom de clan écossais (Je suppose qu'il se devait de souligner clairement la présence d'un noble représentant de sa race parmi les héros...) : Dwyrin MacDonald (Le prénom Donald existe bien au VIIe mais le clan seulement au XIIe).
L'auteur prend également trop de liberté avec l'Histoire et c'est insupportable d'affubler les nobles de "milord" et "milady" surtout lorsque plus loin on trouve "My lord" et que l'Empereur reçoit le titre d'"Auguste". Mr Harlan a sans aucun doute fait des recherches historiques mais les termes latins et anglais se mélangent et se rencontrent alternativement dans la narration. Plus de cohérence aurait été nécessaire pour la crédibilité du décor ! Un monde où une jeune fille romaine de 17 ans est centurion est bien utopique !
Seconde déception : L'un des nombreux talents (et pas des moindres) de ces sorciers antiques est la résurrection des morts. Pour ne pas gâcher le suspens, je ne dévoilerai pas qui de nos illustres ancêtres a droit à une seconde vie mais je ne peux cacher ma déception quant à la personnalité ridicule et insipide que Thomas Harlan lui a donné.

En conclusion, voici une lecture plaisante dans l'ensemble si le lecteur n'est pas trop attentif aux couacs historiques. Les scènes de batailles elles-mêmes manquent de dynamisme et sont rapidement expédiées. Ce livre se veut avant tout une fiction, et c'est dommage...

Note : 5,75/10


Titre : Le Serment de l'Empire (The Oath of Empire)
Tome 1 : L'Ombre d'Ararat (The Shadow of Ararat)
Auteur : Thomas Harlan
Editeur : Fleuve noir
Tomes : 4 tomes américains, 2 traduits en 2000 (la suite sera-t-elle jamais traduite ?)
Genre : Fantasy Antiquité & magie
Ecriture : Simple, peu de descriptions, pas de style.


+ Monde antique, certains héros assez attachants, action
- Incohérence historique / trop fictionnel

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lundi 28 juin 2010

The Second Sons Trilogy : T1 The Lion of Senet



J'ai enfin trouvé le temps de reprendre la lecture d'un livre de Fantasy. Entre vacances et garde d'enfants, j'ai eu peu de temps pour lire. D'autre part, je me trouvais un peu dans une impasse. Je n'avais plus de titres à l'esprit qui me tentaient vraiment.
En parcourant une vieille liste regroupant des cycles glanés sur internet, je suis tombée sur Jennifer Fallon et sa Second Sons trilogy. Comme je ne trouve aucune mention de ce cycle en français, je ne pense pas qu'il ait été traduit. Pour l'instant, j'ai lu d'une traite le premier tome...car malgré mes doutes, ce premier tome était plutôt une bonne surprise.
Parfaite lecture d'été sous mon porche : facile à lire, relaxante avec un brin d'originalité. Jennifer Fallon n'a cure de magie et de personnages féériques. Complots politiques et jeux de pouvoir sont à l'oeuvre dans ce premier tome.

L'équilibre des pouvoirs bascule sur les terres de Ranadon lorsqu'un des deux soleils décident un jour de ne plus se lever. Sous la demi-obscurité d'un soleil, la mer se retire, les volcans redoublent d'intensité et les habitants des différents duchés et royaumes n'ont pas d'autre alternative qu'accepter le joug du Lion de Senet (Antonov), seules terres où les cultures sont encore possibles. Son pouvoir se trouve encore renforcé et accepté lorsque la High Priestess Belagren déclare avoir reçu une vision de la Goddess lui indiquant le jour et l'heure du retour du second soleil. Le sacrifice du dernier-né d'Antonov est le prix à payer pour le retour de la lumière. Mais Johan, le roi de Devhin détrôné, connaît le secret de Belagren. Le mathématicien Neris est l'homme qui a calculé la trajectoire des soleils. Neris trompé et drogué, elle s'assure de garder son secret bien gardé. Pour asseoir son pouvoir, le Lion doit maintenant gagner l'affection d'une nouvelle génération de princes. L'incroyable intelligence de Dirk Provin lui vaut d'être ardemment convoité à la fois par le Lion et Belagren.

Comme le titre de la trilogie l'indique, nous suivons donc les second fils de deux familles, qui vont se retrouver au coeur des manipulations d'Antonov. Les jeunes gens sont encore des adolescents déchirés entre amitiés, premiers amours et politiques. Dirk est de loin le plus mature et le plus intelligent au point que son comportement peut sembler irréaliste pour un enfant de 16 ans. On peut certainement reprocher à Jennifer Fallon d'en faire un peu trop : sa façon de dénouer certaines scènes frisent parfois l'absurdité.
On sent les premiers essais d'un nouvel auteur et il y aurait beaucoup de détails à revoir. Les dialogues manquent parfois de subtilité, les personnages, quoique attachants, sont un peu puérils. Les noms des personnages notamment m'ont surpris : en quoi est-il pertinent d'introduire des noms à consonance russe (Antonov et Kirshov) ?
Mais qu'importe, l'exercice est périlleux quand il s'agit de traiter de conflits politiques et dans l'ensemble, elle s'en sort honorablement pour un début. J'ai aussi apprécié l'idée des deux soleils et la récupération religieuse d'un phénomène naturel. Si vous cherchez une lecture agréable, sans prétention et un scénario qui tient la route, pourquoi ne pas y jeter un oeil ?

Note : 6,5/10

Titre : The Second Sons Trilogy
Tome 1 : The Lion of Senet
Auteur : Jennifer Fallon
Editeur : Bantam Books (américaine)
Tomes : 3
Genre : Fantasy politique/religieuse
Ecriture : Simple

+ Un scénario original, pas de temps mort

- Une lecture un peu adolescente : jeunes héros, quelques maladresses dans la résolution des conflits


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mardi 27 avril 2010

Le cycle de Terremer


En fouillant dans les sites et forums dédiés à la Fantasy, j'avais plusieurs fois croisé le nom de Terremer, un cycle d'Ursula K. Le Guin d'aucuns considèrent comme un classique. Puis, ne le trouvant pas dans les rayons de la bibliothèque, j'avais oublié ce cycle...jusqu'à récemment. En cherchant un peu plus sérieusement, j'ai trouvé, à mon grand étonnement, la série dans le rayon jeunesse. Un peu désappointée, ce cycle prenait décidément un mauvais départ, je décidai tout de même d'y jeter un oeil, après tout, Les Royaumes du nord ou Les Contes de Perrault sont aussi classés en jeunesse. La lecture serait certainement rapide vu la maigreur des 3 premiers tomes (pas de gros pavés pour ce cycle !).

Première surprise, l'écriture n'est pas celle d'un auteur pour la jeunesse, ouf !
Le livre est écrit sur le mode du conte, un conte fantasy qui ne se complet ni dans les longs dialogues ni dans les longues descriptions. Une fois ce paramètre pris en compte, on peut se laisser porter par la beauté du style et le narrateur omniscient qui se permet parfois quelques prolepses ou remarques prophétiques tout en évitant tout jugement. Comme dans le conte, nous sentons d'emblée la portée morale de la quête du héros. La situation initiale est des plus classiques : un jeune garçon fier et ambitieux veut apprendre la magie après avoir été initié par sa tante puis le sorcier Orion. Mais entre le sage mais silencieux Ogion et l'école de magie de Roke, le jeune garçon n'hésite pas. Il va cependant y apprendre à ses dépends les dangers de l'orgueil et de la haine.
En lisant les premières pages de ce roman, on comprend bien vite où Rowling a puisé son inspiration pour Harry Potter. Difficile aujourd'hui de trouver originales les histoires de sorcier, cependant rendons à César ce qui appartient à César, Terremer offrait un monde encore peu exploité dans les années 60/ 70. D'autre part, les ressemblances s'arrêtent là car Terremer est loin d'être un livre pour enfants.
La magie de ce monde a ses propres lois et les sorciers ne sont pas omnipotents. Le Guin a conçu une métaphysique de la magie originale.
La première trilogie suit les aventures du sorcier Ged sur les îles de Terremer bien que le second tome soit davantage centré sur un autre personnage : Tenar, la prêtresse du temple des Innommables (Nameless). Les personnages sont denses et tourmentés, jamais stéréotypés.
Certes, le rythme est assez lent et tel Ogion, l'auteur adopte un style contemplatif mais c'est peut-être justement ce flot mesuré qui fait de ce livre un havre de paix où le lecteur peut méditer sur la vie.



Au fil de ma lecture, je me suis aperçu que le terme "conte" ne convenait pas pour classifier ce récit, il s'agit davantage d'une légende à dimension parfois épique. Ged est un vrai héros de légende dont le destin n'est pas pesé dans la balance des dieux mais dépend de l'Equilibre entre le bien et le mal. Le troisième tome, le plus abouti selon moi, évite la morale simpliste et le manichéisme facile des livres pour enfants et de nombreux livres de Fantasy. Le Guin pose les jalons d'une vraie philosophie sur la vie et la mort, le pouvoir sur soi et le pouvoir sur autrui, philosophie inspirée du taoïsme semble-t-il.
Lire Terremer, c'est retrouver le plaisir régressif d'une histoire contée auprès de l'âtre, une histoire magique et héroïque. Vous n'y trouverez ni la complexité narrative d'un roman, ni d'amours langoureux entre des amants mais un questionnement métaphysique qui parle au coeur et à l'âme.

Je n'ai lu ni les nouvelles écrites avant la trilogie de Ged ni les suites récentes (Tehanu et Le Vent d'ailleurs) ni le recueil de nouvelles datant de 2001.

A noter : Un téléfilm américain en 2 parties : Terremer, la prophétie du sorcier existe et a été diffusé en 2005 sur M6. Il ne respecte pas du tout l'histoire et a été décrié par Ursula Le Guin.
Toutefois, le fils de Miyazaki, Goro Miyazaki a produit un film d'animation Les Contes de Terremer en 2006. Sa version est certainement bien plus digne d'intérêt. Ursula Le Guin semble l'avoir apprécié sans toutefois être d'accord avec les libertés prises.

Note : 7,75/10

Titre : Le Cycle de Terremer (Earthsea)
Tome 1 : Le Sorcier de Terremer (A wizard of Earthsea)
Auteur : Ursula K. Le Guin
Editeur : Robert Laffont (Ailleurs et demain) + Le Livre de Poche SF
Tomes : 12 tomes et nouvelles
5 romans + 2 nouvelles-préquelles (1964) + un recueil de nouvelles Les Contes de Terremer (2001)
ChronologieTitreDate de sortie
1The Word of Unbinding1964
2Le Trouvier2001
3Rosenoire et Diamant2001
4La Règle des noms1964
5Les Os de la terre2001
6Le Sorcier de Terremer1968
7Les Tombeaux d'Atuan1971
8Dans le grand marais1940
9L'Ultime Rivage1972
10Tehanu1990
11Libellule2001
12Le Vent d'ailleurs2001
Genre : Fantasy / légende
Ecriture : Poétique

+ Pas un roman mais un conte/ légende, l'originalité du système de magie, l'écriture, l'interrogation métaphysique.

- L'aspect moral moins subtil dans le 1er tome (tome le plus tourné vers la jeunesse). Une tristesse indéfinie après avoir fermé le dernier volume (mais est-ce vraiment un point négatif ?)


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dimanche 18 avril 2010

Hello peuple de la blogosphère fantasy


Quelle bonne idée de créer une petite communauté fantasy ! Hugin & Munin sont décidément très pro. Je découvre tant de blogs fort enrichissants et de nouvelles idées de lecture.
Je rejoins donc le mouvement (un peu en retard).
Et un nouveau devoir rendu ! ;-) (enfin si ça marche)